HEURE SIDÉRALE

Vidéo, couleur et son, durée 10mn

2006
image230 image1035

La mer, éponge ruisselante de songe… Dans Heure sidérale, topographie littorale, toute une liturgie terrestre et céleste est à l’œuvre. Un précipité de désir et de sensualité des bords de mer se dilue subtilement dans l’étrange. Entre ciel et terre, les frontières sont dissolues dans cette ‘’ossature vigoureuse’’ des paysages maritimes. Une incessante dérive onirique enclenche tout l’essor poétique et  vitalise la rêverie prolongeant avec volupté le texte  Le beau ténébreux de Julien Gracq, déployant une incroyable atopie où il est impossible de ‘’délimiter les régions infernales et les régions paradisiaques’’. Deux jeunes hommes à terre, sur le sable, s’enlacent, s’acharnent dans une incessante lutte et un incroyable jeu de l’être entre état de nudité et de supplication (...).

              

image1028 image1032
image1029 image1033
image1030

De ces masses informes et de ces chutes de corps, d’insondables chiasmes corporels surgissent. Solaris empli de sensualité. Sonder les profondeurs de l’existence humaine, voilà le point névralgique de cette ‘’expérience intérieure’’. Dans cette cosmographie humaine, toute une spectralité des corps est en jeu. Des rires d’enfants et des rêves constellent cet espace au-delà du temps. L’être en détresse s’englue dans ce monde de sable et de roches tout en subissant l’influence des astres. Dans le travail vidéo de Rémy Yadan, l’être comme touche dans l’univers, est constamment au cœur de ses images qui s’enlisent dans d’intimes marécages. Dans de subtiles  résonances mythologiques, la quête acculée et désespérée de ce ‘’voyage au bout du possible de l’homme’’  célèbre cette heure sidérale faite de précipices intimes et de rivages intérieurs. L’heure sidérale s’incarne avec force  dans un ‘’temps rendu sensible au cœur. Les ombres s’ébranlent et se rassemblent rythmant la pesanteur des corps. L’un de ces corps se dresse et se prosterne défiant majestueusement la Terre. Il s’agit de se laisser aller à la sidération et de défier le vide. 

 

Par Marianne Derrien